"L'incendie du Chiado" de François Vallejo

François VallejoQuand le Chiado, le plus vieux quartier de Lisbonne, s'enflamme le 25 août 1988, François Vallejo est à la fenêtre de son hôtel. L'image qu'il conserve de cet instant d'embrasement l'accompagne depuis transformée aujourd'hui en un roman à la lucidité froide comme les cendres.

De la fenêtre de son hôtel, François Vallejo assiste impuissant à l'embrasement d'un quartier historique de Lisbonne. Vingt ans plus tard, l'auteur d'Ouest revient sur ces instants où panique et fascination vont décider du destin de cinq personnes refusant d'évacuer les lieux.

L incendie du Chiado François VallejoFace au danger, la plupart du temps, l'instinct de survie pousse tout être vivant à la fuite. Mais pas toujours. Dans le roman de François Vallejo, cinq personnes vont parcourir le quartier du Chiado en plein embrasement. Pourquoi, quelles sont leurs motivations ? C'est que le récit s'attache à démanteler. Il y a Agustina, qui dit chercher sa fille dans les décombres des Grands magasins du Chiado. Il y a Eduardo, le photographe à la recherche du cliché imprenable, celui qui fera sa fortune et le sortira de l'anonymat. Il y a aussi le vieux Carneiro, qui ne quittera pour rien au monde son appartement, craint les pillages. Il y a ce Français dont la présence ici ne sera jamais élucidée. Et il y a le Mozambicain Juvénal, adorateur du feu, allumant son briquet au milieu des flammes. Aucune des raisons avancées ne sera la véritable raison de leur errance dans le brasier et les personnages apparaissent alors crûment dans leur vérité nue, acre et dévoyée.

Quartier du Chiado Lisbonne

Extrait : "Il s'arrête et respire un grand coup. Les autres en profitent pour sortir de leur engourdissement. Il faut se détacher de lui. C'est plus facile, sans sa voix. Ils voudraient ne plus l'avoir devant eux ; chercher d'autres regards humains, partager les mêmes pensées, pour se rassurer, se dire qu'ils ne sont pas comme ça, eux. Pas acceptable, avoir mangé, bu, parlé avec lui, l'avoir écouté surtout. Ils ne pouvaient pas imaginer. Ils se sont fait avoir. Ils ont été embarqués malgré eux. Ils n'avaient aucune raison de rester dans cette ville en feu. Pourquoi n'ont-ils pas fait comme tout le monde ? Il n'est pas un homme comme eux, pas un homme du tout. Il va nous contaminer, il l'a dit. C'est déjà fait, peut-être."

"L'incendie du Chiado", François Vallejo (éditions Viviane Hamy).

Renée Lauster pour beaute-femme.org

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