Ce n’est pas une nouveauté dans les sorties nombreuses de DVD d’émissions de télévision mais celle-ci vaut que l’on s’y arrête. Les Shadoks et leur frénésie ont bercé l’enfance des quarantenaires mais trouvent dans la jeune génération de nouveaux fans. Partagez un quart d’heure de cette fiction avec ses enfants est un véritable bain de jouvence.

La première apparition des Shadoks en 1968 à la télévision avait jeté un pavé dans l’océan convenu des programmes de l’époque. Ces drôles de bêtes allaient des années durant apporter fantaisie, humour et poésie. Conspuée (« cette série est idiote, c’est une imbécillité »), la série a cependant résisté quelques années et reste fraîche dans nos mémoires.

Les Shadoks sont les enfants du Service de la Recherche de l’ORTF, honorable producteur de télévision qui n’avait pas froid dans le dos et du cœur au ventre. Les bestioles en question, création de Jacques Rouxel servirent au début à tester l’animographe, un prototype de machine à dessin animé, mais devinrent rapidement les stars du petit écran. Leur apparition, fort courte, puisqu’elle durait deux minutes était quotidiennement attendue par les petits et les grands. Leurs aventures foutraques, les commentaires savoureux d’un Claude Pieplu très en verve, la musique pointilliste de Robert Cohen-Solal ont colporté quatre années durant un univers fabuleux, drôle et impertinent. Si l’on se souvient volontiers que « les Shadoks pompaient » se souvient-on en revanche du cosmogol des Gibis qui préfigurait les envolées des navettes spatiales, des problèmes de physique que les planètes instables posaient aux Shadoks, de l’apprentissage sans douleur et en riant de toutes ces notions scientifiques égrenées dans tous les épisodes. Sait-on combien d’enfants nourris au « gabuzomeu » shadokien sont devenus au final d’éminents scientifiques ?


Une autre dimension est à évoquer : dans leur hiérarchie absurde, leur obéissance aveugle, leur individualisme, les Shadoks s’opposent à leurs voisins les Gibis. Ces derniers partagent leur intelligence, c’est simple, il leur suffit de communiquer par chapeaux interposés. L’information circule, s’enrichit, les problèmes se résolvent quand les Shadoks qui énoncent « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème ! » sont engloutis. N’est-ce pas là une belle allégorie sociale, un rêve en somme d’une société plus juste et plus partageuse ? Oui, les enfants d’aujourd’hui regarderont avec plaisir les Shadoks et y trouveront de quoi nourrir leur imaginaire.

Renée Lauster pour beaute-femme.org